Les gentilshommes verriers
La famille De Solages ne créée pas une verrerie ex-nihilo. Il existait dans le Tarn une longue tradition verrière depuis le XVe siècle et notamment ce que l’on nomme la Verrerie Forestière tarnaise, avec deux principaux centres de productions : la Grésigne et la Montagne Noire.
C’est semble-t-il au cours du XIIIe siècle que se confirme l’organisation du Corps de Gentilshommes verriers du Languedoc et la présence des verreries forestières. La tradition situe le « … privilège d’exercer l’art et la science de verrerie sans déroger… »* accordé par Louis IX, de retour de la 7ème Croisade en 1254, aux nobles ayant servis le roi.
Placés sous la protection du Roi, ils sont sous l’autorité du lieutenant des armés du Roi, capitaine Viguier de la ville et de la Viguerie de Sommières (Hérault), juge et conservateur de leurs titres de noblesse et de leurs privilèges.
Le noble art de la verrerie est réglementé par de nombreux actes royaux. Entre Philippe le Bel, en 1312, autorisant les « verriers de Champagne à souffler le Verre sans déroger ... » et les lettres patentes d’août 1727 de Louis XV, une dizaine de monarques ont codifié les activités des gentilshommes verriers au cours des siècles.
La première Charte des Verriers du Languedoc dite de Sommières est fondée par les lettres patente de Charles VII en 1445. Elle règlemente en 17 paragraphes leurs devoirs et leurs droits.
Trois siècles plus tard, du 7 au 11 octobre 1753, au terme de l’assemblée générale des Gentilshommes verriers réunis à Sommières sous l’autorité du Lieutenant-général des armées du Roi, capitaine Viguier et gouverneur de la ville et de la Viguerie de Sommières, sont rédigés les derniers Statuts qui réglementent les activités de leur Corps.
Y sont aussi énumérés les 7 départements, sous la juridiction du capitaine Viguier, situés d’Est en Ouest de la rive droite du Rhône à la région bordelaise et du Nord au Sud des premiers contreforts méridionaux du Cantal aux Pyrénées.
Soit les départements :
- de « la Haute Guienne, comte de Foix et Comte d’Armagnac dans les diocezes de Commenge, Couserans, Rieux et Auch » ;
- de « Grésigne d’où dépendent les verreries du Rouergue et celles du Bazardés jusqu’aux frontières de Larmagnac, dioceze d’Alby » ;
- de « Moussans et Fourtou, dioceze de Narbonne et St. Pons. » ; de « Mejannes en Vivarais, diocèze d’Uzes » ;
- du « Bas Languedoc, diocèzes de Lodeve, Montpellier, Beziers, Alais »**.
Sur un territoire aussi vaste, les Gentilshommes nomment, pour les représenter, des Syndics particuliers dans chaque département ainsi que trois Syndics généraux. « Lesquels sindics tant generaux que particuliers seront reconnus aux dites qualités dans tout le département dudit Seigneur Viguier et Gouverneur, par tous les autres Gentilshommes exerçant ledit Art et Science de Verrerie »**.
* BLAQUIERE Yves. 2009, Les Verreries de Moussans. Matériaux pour une histoire. Saint-Pons-de-Thomières, Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc. 179p.
** Ibid